COMMENT SE PORTE LA MUSIQUE QUéBéCOISE EN LIGNE?

Les festivités des Francos se terminent à Montréal et que celles de la Saint-Jean commencent partout au Québec. Malgré le fait que ce soit une période faste pour la musique et la culture québécoise, un récent rapport conclut que les Québécois consomment davantage de la musique anglophone sur les plateformes d'écoutes en ligne, comme Spotify. À qui la faute? En partie aux algorithmes... mais pas que.

Au Québec, sur les 10 000 pistes les plus écoutées l’an dernier, seulement 5 % étaient interprétées par des artistes québécois. La musique en français en général représentait quant à elle 8,5 % des parts de marché, tandis que la musique anglophone comptait pour 85 %, selon le rapport annuel de l’Observatoire de la culture et des communications de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Les algorithmes des plateformes d'écoutes en ligne font notamment en sorte que la musique québécoise se fraie plus difficilement un chemin jusqu’aux oreilles des mélomanes, explique la directrice générale de l’ADISQ, Ève Paré.

Sans compter les petites redevances données aux artistes qui offrent leur musique sur ces plateformes. Les revenus qui en découlent sont anémiques. La vente de disques était beaucoup plus lucrative. Et si en plus les parts de marché sont minimes, c'est très très difficile [pour les artistes], ajoute-t-elle.

Le défi de la découvrabilité

Pour Ariane Charbonneau, directrice générale de la Société professionnelle des auteurs, compositeurs du Québec et des artistes entrepreneurs (SPACQ-AE), il faudrait modifier les algorithmes afin qu'ils favorisent la découvrabilité de contenus francophones. Cela pourrait se faire notamment par l'ajout de listes d'écoutes éditoriales sur les plateformes en ligne.

Mais il y a aussi tout ce qui est la découvrabilité hors ligne, par exemple dans les écoles, dans les commerces, dans les publicités, à la télévision ou à la radio, poursuit Mme Charbonneau.

Qui plus est, la jeunesse québécoise écoute de plus en plus sa musique en ligne, mais les services de diffusion en continu ne sont pas assujettis aux règles du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), comme les radios, qui sont contraintes de diffuser un minimum de musique d’ici.

Cela représente une menace directe à notre culture, s'inquiète la titulaire de la Chaire UNESCO sur la diversité des expressions culturelles et professeure de droit à l’Université Laval, Véronique Guèvremont.

Promouvoir des contenus d'expression culturelle francophones, c'est une manière d'assurer la transmission de notre langue, de rendre notre culture attrayante et par le fait même, de préserver nos identités, explique-t-elle. Faire de la découvrabilité des contenus en langue française en ligne [est] un droit fondamental.

Quelles solutions?

[Il faut que le Québec] soit audacieux et ose, propose Mme Guèvremont, en prenant l'exemple de l'Union européenne, qui demande aux plateformes comme Netflix de proposer 30 % de contenu européen, ainsi que de mettre de l'avant ce contenu au public européen.

Le Canada est allé de l'avant aussi avec l'adoption du projet de loi sur la diffusion en continu en ligne. Et ce que nous proposons dans notre rapport, c'est que le Québec aussi prenne ses responsabilités, et même, qu'il aille plus loin que les standards posés par la loi [fédérale], en accordant une importance particulière au contenu en langue française, martèle-t-elle.

Cette dernière, en compagnie de l'ancienne députée péquiste Louise Beaudoin, avait transmis en janvier 2024 un rapport au ministre provincial de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, dans lequel elles émettaient 32 recommandations afin d'améliorer la découvrabilité des contenus culturels québécois.

La SPACQ-AE travaille quant à elle sur la création d'une plateforme de découvrabilité francophone qui sera accessible gratuitement d'ici la fin de l'année.

Ça nous rend très fiers, car on fait partie de la solution et on va concrètement s'impliquer pour générer plus de contenus francophones en ligne, affirme la directrice générale de l'association.

Parmi les autres solutions, le CRTC doit tenir des audiences dès l’an prochain sur la découvrabilité du contenu canadien. Le conseil a d’ailleurs rendu une décision au début du mois. Les services de diffusion en ligne devront verser 5 % de leurs revenus locaux dans des fonds pour soutenir la culture d’ici.

Avec les informations d'Elyse Allard

2024-06-23T08:03:47Z dg43tfdfdgfd