CHEFFERIE LIBéRALE: DENIS CODERRE SE LANCE OFFICIELLEMENT

QUÉBEC — Le peu de suspense qui restait s’est dissipé vendredi à Québec: Denis Coderre a annoncé officiellement qu’il se lançait dans la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ) pour succéder à Dominique Anglade. Il compte également être candidat dans la circonscription de Bellechasse en 2026.

Au cours d’une conférence de presse de plus d'une heure devant l’Assemblée nationale, l’aspirant chef a abordé une pléthore de sujets de manière souvent décousue et il a vanté son expérience de politicien.

Il a notamment affirmé qu’il n’y avait «pas trop d'immigrants» au Québec. «À un moment donné il faut appeler un chat un chat. Je pense très sincèrement que l'immigration, c'est la clé pour l'avenir de notre nation», a-t-il dit.

M. Coderre n’a pas manqué d'attaquer le premier ministre François Legault, l’accusant d’être le «maillon faible» du gouvernement et un comptable qui ne sait pas compter.

«On lui a laissé 7 milliards $ et là on est rendu avec un déficit de 11 milliards $», a-t-il lancé, en référence au surplus du gouvernement de Philippe Couillard.

Denis Coderre a d’ailleurs louangé à plusieurs reprises l’ancien premier ministre libéral et sa «saine gestion». «Pis lâchez-moi l'austérité pis toute ça», a-t-il ajouté.

Il était accompagné d'une dizaine de personnes lors de son annonce, dont les anciens députés libéraux Norbert Morin et Raymond Bernier.

«C'est Lionel Groulx»

L’ex-maire de Montréal a aussi vertement critiqué le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, et sa volonté de faire un troisième référendum sur l’indépendance du Québec. «Tout ce qui est référendaire est divisif», a-t-il raillé.

Il a accusé le chroniqueur conservateur nationaliste de Québecor Mathieu Bock-Côté d’être le «gouroux» et «l’influenceur par excellence» du chef péquiste. «Ils veulent faire un référendum. La meilleure façon de ne pas faire un référendum, c'est de pas voter pour eux autres», a-t-il lancé, soutenant que le PLQ était «le seul parti fédéraliste».

Dans la même veine, Denis Coderre s’en est aussi pris au «nationalisme identitaire». «C'est pas Maurice Duplessis qu'on est en train de voir, c'est Lionel Groulx. Ça va faire!» a-t-il affirmé.

Bellechasse et troisième lien

L’aspirant chef libéral en a profité pour annoncer qu’il allait être candidat dans la circonscription de Bellechasse, sur la Rive-Sud de Québec, lors de la prochaine campagne électorale en 2026, qu’il soit élu chef ou non.

«Je suis un parachuté, mais je vais aller m'acheter une maison, inquiétez-vous pas», a-t-il assuré.

Denis Coderre aura fort à faire pour gagner dans ce comté. Autrefois libéral, cette circonscription a été raflée par la députée caquiste Stéphanie Lachance en 2018. Lors du dernier scrutin en 2022, le PLQ a terminé en cinquième place avec moins de 5 % des votes.

Et pas question de se faire élire dans une partielle avant le prochain scrutin s’il est élu chef. «C'est ben plus important de bâtir le parti que de penser à: ‘‘est-ce que je peux devenir député tout de suite?’’», a-t-il dit.

Le politicien en a profité pour dire qu'il est favorable au projet de troisième lien, très populaire sur la Rive-Sud. Il ne sait pas encore quelle forme doit prendre le projet ni son emplacement. «Le problème, c'est le manque de crédibilité de ce gouvernement-là. Ils sont pas foutus de nous sortir une étude sur la pérennité du pont Pierre-Laporte. On peut tu faire les choses correctement?», a-t-il lancé.

Rappelons que le gouvernement caquiste a ressuscité le projet de troisième lien la semaine dernière, arguant qu’il fallait un autre pont sur lequel pourraient circuler les camions de marchandise au cas où le pont Pierre-Laporte devait fermer pour une raison ou une autre.

Le pèlerinage des spaghettis

L’ex-maire de Montréal est revenu il y a trois semaines après avoir marché Saint-Jacques-de-Compostelle. Il avait indiqué vouloir faire ce voyage avant d’annoncer sa décision.

Dès septembre, il se lancera dans un autre type de pèlerinage. Il veut aller à la rencontre des électeurs en faisant 125 soupers spaghettis; un par circonscription électorale. «Je vais faire le tour du Québec. On va avoir du fun.»

Denis Coderre a été élu maire de Montréal en 2013. Candidat à sa propre réélection en 2017, il perd face à Valérie Plante. Il se représentera en 2021, mais mordra la poussière une fois de plus, contre la même adversaire.

Avant cela, il a été député libéral fédéral de 1997 à 2013 dans la circonscription de Bourassa à Montréal. Il occupera différents ministères sous les premiers ministres Jean Chrétien et Paul Martin.

En avril 2023, il subit un accident vasculaire cérébral (AVC), mais assure être rétabli.

D’autres candidats bientôt?

Denis Coderre devient donc le premier candidat à se lancer officiellement dans la course libérale, mais il ne sera vraisemblablement pas le seul.

Le député de Marguerite-Bourgeoys, Frédéric Beauchemin, est toujours en réflexion. Il devrait annoncer sa décision au mois d’août, selon ce qui circule actuellement. Il a reçu l’appui de l’ancien ministre des Finances du Québec Carlos Leitão.

La semaine dernière, Charles Milliard — un autre candidat pressenti pour briguer la direction du PLQ — a annoncé qu’il quittait son poste de président et directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ). Lors du Conseil général du PLQ le mois dernier, 81 jeunes libéraux lui ont donné leur appui. «Charles ferait un excellent ministre en passant», a d’ailleurs dit Denis Coderre lors de son annonce.

Le maire de Victoriaville, Antoine Tardif, est également sollicité. Il n’a pas fermé la porte à se lancer.

Le nom du ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, continue de circuler comme potentiel candidat.

La course doit débuter en janvier 2025. Le prochain chef libéral sera choisi à l’été de cette même année.

Thomas Laberge, La Presse Canadienne

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