PETER NYGARD SE DIT ALLERGIQUE à SA TENUE DE PRISONNIER, QU’IL DOIT PORTER à L’ENVERS

Peter Nygard se dit prêt à abandonner ses droits à cause de son état de santé s'il n'arrive pas à recruter un avocat avant son audience sur la détermination de la peine après la démission de deux premiers défenseurs. Le magnat déchu de la mode a été reconnu coupable, en novembre, du viol de quatre femmes, il y a plus de 20 ans, dans son ancien atelier de Toronto.

Il refuse de comparaître en personne au tribunal, mais la Couronne s'y oppose. Or, le temps presse : la prochaine audience est toujours prévue pour le 25 juin.

Peter Nygard était à nouveau alité à l'infirmerie de la prison provinciale durant sa comparution en ligne vendredi matin.

L'individu de 82 ans portait comme toujours une visière et des œillères qu'il s'est fabriquées en papier pour se protéger de la lumière déjà tamisée de la pièce.

Il refuse toujours de se présenter en personne au tribunal pour l'audience du 25 juin, parce qu'il dit que sa vie serait en danger s'il le faisait. Pourtant, il avait assisté au procès.

Les audiences à l'automne ont accentué ma condition, si bien que je suis alité depuis le 1er décembre, dit-il.

Le juge Robert Goldstein, de la Cour supérieure de l'Ontario, lui demande de quelle maladie il souffre, à défaut d'entendre son médecin personnel.

Signer mon arrêt de mort

Peter Nygard affirme qu'il a une ébauche de déclaration sous serment dans laquelle il explique les raisons pour lesquelles il ne peut apparaître en personne lors des représentations sur sentence.

Vous allez signer mon arrêt de mort si je dois me déplacer, dit-il d'entrée de jeu. Je ne ferai rien qui puisse mettre ma vie en danger, poursuit-il.

Le juge l'interrompt. Êtes-vous en train de me dire que vous ne sortirez plus jamais de cette prison?

Je ne pourrais pas être présent durant deux jours, mon état ne fait que s'aggraver, ne prenez aucune décision hâtive sans avoir lu ma déclaration, lui répond l'octogénaire.

J'ai un rapport de la prison, mais je ne vois pas de danger imminent à votre vie, poursuit la magistrat.

Le juge énumère des problèmes de cœur, de la haute pression, du diabète de type 2, de l'apnée du sommeil, de l'incontinence et de la claustrophobie.

Peter Nygard affirme que le rapport est incomplet et qu'il est dépourvu d'analyse subjective.

Il reconnaît qu'il n'est pas en communication avec son médecin personnel, mais que les soins qu'il reçoit en détention sont bons.

Mais on ne parle que de soins de routine, dit-il en ajoutant que toutes les informations sont néanmoins dans son document.

Des allergies cutanées

Insatisfait mais faisant preuve de beaucoup de patience et de diplomatie, le magistrat lui redemande de quel mal il souffre. Je suis trop faible, je suis toujours fatigué, je dors durant presque toute la journée, dit-il.

Peter Nygard commence alors à citer tous ses problèmes de santé. Il dit qu'il ne peut se tenir debout plus de deux minutes sans s'asseoir pour reprendre son souffle et qu'il a des douleurs lombaires et du glaucome aux yeux.

Il ajoute que sa tenue de prisonnier lui donne d'horribles démangeaisons cutanées sur le corps qu'il est obligé de la porter à l'envers.

J'y suis extrêmement allergique à cause du polyester et je dois m'enduire de pommade tous les jours pour me soulager, explique-t-il.

Il précise qu'il doit porter des couches et qu'il doit souvent aller aux toilettes, mais qu'il se douche rarement, parce que la salle de bain n'a pas de baignoire à l'italienne pour éviter qu'il ne chute.

Il affirme qu'il est difficile dans de telles conditions de se rendre au parloir pour utiliser le téléphone pour appeler avec ses avocats à Winnipeg ou pour en embaucher un autre.

On me déplace en fauteuil roulant mais je dois remettre ma tenue orange à l'endroit pour m'y rendre, dit-il.

Mais en quoi ces problèmes vous empêchent-ils d'être au tribunal, vous pourriez porter vos vêtements de ville comme au procès, l'interrompt à nouveau le juge Goldstein.

J'ai peur de courir le risque de mourir si je vais au tribunal, lui répond-il. Mais quel est le diagnostic?, rétorque le juge.

Peter Nygard précise qu'il a un stimulateur cardiaque et que cela affecte sa pression sanguine. Le magistrat affirme qu'il va lire la déclaration sous serment avant de rendre sa décision lundi.

Abandon de ses droits

Le prisonnier souligne par ailleurs qu'il avait trouvé une avocate pour le défendre à Winnipeg, mais qu'elle s'est désistée lorsqu'elle a compris qu'elle n'avait que deux semaines pour se préparer.

Je ne pourrai donc pas me représenter seul, à cause de mon état de santé et de la complexité de ma cause, j'abandonne donc mes droits à ce sujet, conclut-il.

Le juge lui a néanmoins dit qu'il serait prêt à entendre une requête avant l'échéance du 25 juin pour faire ajourner l'audience si cela peut aider l'octogénaire à se trouver un troisième avocat, mais que cela ne signifie pas qu'il va lui accorder cette faveur pour autant.

Résigné, Peter Nygard concède qu'il n'a toujours pas d'avocat.

Le procureur Neville Golwalla, visiblement impatient, a rappelé au magistrat l'urgence de tenir l'audience sur la détermination de la peine comme prévu à la fin du mois pour l'intérêt des victimes de Peter Nygard et du public.

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