S’ENGAGER

Que ce soit dans un aussi petit geste que celui de sortir de son lit, de se prendre en main ou dans celui qui embrasse plus largement et verdit l’avenir tout en assurant une meilleure répartition des richesses, l’engagement est au coeur du message de la 7e édition du Scriptarium présenté ces jours-ci à la salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier.

C’est sous le commissariat de la Dre Joanne Liu — présidente de Médecins sans frontières et pédiatre-urgentiste au centre hospitalier universitaire Sainte-Justine — qu’un groupe d’adolescents des régions de Montréal et de Québec se sont laissés aller à la prose et ont disserté autour de causes et d’événements qui suscitent un désir d’engagement. L’écriture d’un journal personnel qui permet, au bout de quelques mois, de sortir de son cocon, l’obligation de mettre fin à une relation amicale étouffante, circonscrire sa propre identité de genre, mettre en scène l’absurdité du 1 % de la richesse mondiale, dénoncer les violences sexuelles, voilà autant de sujets couverts par les adolescents et mis en scène par Sylvain Scott, cofondateur et codirecteur artistique du Théâtre Le Clou.

Des thèmes à la mode, très ancrés dans le discours social, des sujets qui préoccupent assurément les jeunes et qui, plus largement, devraient toucher tout le monde. Mais dans cette volonté de s’engager, la parole reste très formatée, gangrenée dans une sorte de récitation sans que l’on sente la fougue et le besoin urgent de faire changer les choses.

En tête, cette adolescente (Sophie Boucher Moutou) sous l’emprise de son cellulaire qui reste coincée dans sa chambre. Après avoir présenté tous les désastres liés à la surutilisation du téléphone, elle pose l’engagement de s’en départir et fait « la promesse vertigineuse de ne plus [se] cacher dans son cocon duveteux ». Un serment tout à fait honorable, enviable, mais peu crédible.

 

Mise en scène épurée

Afin de laisser la place à la parole, la mise en scène de Sylvain Scott reste épurée. Au-dessus de la scène trône une immense toile, le profil d’un homme, tête vers le bas, bouche ouverte, comme pour hurler son indignation ou son besoin de s’exprimer. Au centre, un cube qui fera office de différents décors, notamment de chambre à coucher.

Puis, de chaque côté de cet îlot adolescent, ce cocon douillet, des instruments de musique, des micros dont se serviront les quatre comédiens. L’effet band de garage entendu sied tout à fait à l’adolescence, à ce besoin de chanter ses convictions avec sincérité sans que tout soit parfait. Les voix justes et solides de Catherine Beauchemin, Anaëlle Boily-Talbot, Sophie Boucher Moutou et Samuel Décary portent à cet effet respectueusement la parole adolescente.

Malgré toute cette bonne volonté, ces promesses, cette détermination à se prendre en main, il y a malheureusement dans cette édition du Scriptarium peu de place accordée à l’imagination, à la fougue et au désir brûlant de faire changer les choses. On coche beaucoup de cases, on s’exprime sur beaucoup de choses, mais tout s’enchaîne de façon automatique, robotique, avec un sérieux qui n’a rien pour soulever les foules.

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