YOCTO ? C’est le nom d’un excitant nouveau groupe montréalais. Aussi le préfixe de la plus petite unité de mesure reconnue — si « kilo » équivaut à 1000 unités, « yocto » équivaut à 10-24. Enfin, selon les communications du quintet, c’est le nom de « celle qui nargue l’antagoniste mégalo » d’un « space opera » à paraître en mai prochain, une affaire que son idéateur, Jean-Michel Coutu, dit inspirée par le post-punk caustique et synthétique de DEVO, le rock kosmische allemand des années 1970 et l’exotica opulent de Les Baxter. Intrigante recette, à découvrir le 9 février, à l’affiche du sympathique festival Tavern Tour.
Et « celle qui nargue l’antagoniste mégalo » dans cette histoire encore pas très nette, puisque YOCTO n’a dévoilé que deux chansons, c’est Yuki Berthiaume-Tremblay. Ici chanteuse, mais ailleurs claviériste au sein du projet transdisciplinaire BEATS, dans Jesuslesfilles ainsi que dans I.D.A.L.G., groupe cofondé par le compositeur et guitariste Coutu susmentionné.
Lequel fait sourire Yuki en nous avouant écouter des documentaires sur la physique quantique pour l’aider à s’endormir la nuit. Coutu : « YOCTO, c’est une espèce de moteur créatif [ou, pour rester sur le thème scientifique, un laboratoire musical] jusque dans les thèmes abordés, inspirés par la science-fiction. Bon, ça ne transparaît pas directement dans le texte, mais dans l’atmosphère générale de l’album. » Déjà enregistré, et que lanceront en mai DuPrince (au Québec) et Requiem pour un twister (en France).
Dans ce récit aux ressorts volontairement mous pour laisser à l’auditeur le loisir de lui donner son propre sens, « on sent que l’antagoniste a une emprise sur la vie de YOCTO, qu’il a un certain pouvoir, et YOCTO, par la ruse et l’astuce, réussit à lui échapper, mais l’antagoniste court aussi à sa perte en se complaisant dans ses propres vices ».
« Mais je n’interprète pas YOCTO comme si c’était un personnage dans une histoire », affirme Yuki Berthiaume-Tremblay. « La manière dont je le sens lorsque je chante ces textes, je ne ressens pas de frustration ou de la colère » en lien avec le rôle de la protagoniste de l’histoire, « mais de l’affirmation », voire un sentiment de liberté trouvé en fin d’album, en déduisons-nous.
Faut-il lire dans ce succinct résumé de l’histoire de Zepta Supernova (c’est le titre de l’album à venir) un commentaire sur l’état des relations hommes-femmes et l’urgent débat autour de la violence conjugale ? « Il n’y a absolument rien de précis dans le propos, et c’est ce que je trouve intéressant dans la démarche, dit Jean-Michel Coutu. C’est-à-dire que l’histoire a été écrite pour pouvoir être interprétée comme on le veut. Tant que l’énergie dégagée par le groupe est saisie par le public, ça marche. »
« C’est vraiment une dynamique, ce projet, qui peut ensuite s’appliquer à plein d’autres idées », ajoute Yuki Berthiaume-Tremblay. Cette dynamique, cette « énergie » — le mot reviendra souvent durant notre conversation —, se révèle dans les deux brèves premières chansons que YOCTO a lancées il y a deux semaines. Station 01011 est une chanson à deux volets, très new wave durant la première moitié, plus psychédélique dans la seconde. Pour sa part, Dactylo est nettement plus dense et mécaniquement rythmée, campant le son du groupe dans l’héritage de la formation allemande Can.
« Yuki et moi avons beaucoup axé notre travail sur la recherche des textures sonores et du son juste », explique Jean-Michel, le principal compositeur, Yuki jouant aussi au sein du projet le rôle de « directrice musicale » en injectant ses idées et ses intentions. « C’est étudié jusque dans le choix des synthétiseurs. Même les sons les plus anodins ont été minutieusement choisis pour que se dégage des chansons quelque chose de modeste, sans prétention », dit Coutu en citant l’influence de Television et de BEAK, le projet de Geoff Barrow de Portishead.
Au binôme se sont greffés Emmanuel Éthier à la basse et à la guitare (le complice de Jonathan Personne et de Jimmy Hunt a aussi coréalisé l’album), Carl Matthieu Neher aux claviers et Félix-Antoine Coutu à la batterie. Le concert au Tavern Tour sera le premier d’une longue série que YOCTO dévoilera dans les prochaines semaines, dans la foulée de la sortie de Zepta Supernova.
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