Faut-il présenter John Max (1936-2011), lui qui fut un des plus grands photographes canadiens de sa génération ? Malheureusement, le public montréalais a peu eu l’occasion de voir son travail durant les dernières années. On se souviendra, tout de même, à la galerie La Castiglione, en 2017, de la présentation de 12 images de sa plus célèbre série, intitulée Open Passport, exposée pour la première fois en 1972.
Ces jours-ci, l’historien de l’art Michel Hardy-Vallée nous permet de voir, à L’Île-des-Soeurs, dans un parc, une sélection de 18 images prises par John Max entre la fin des années 1950 et le début des années 1980. À l’affiche de la 13e édition des Rencontres de la photographie en Gaspésie, en 2022, ces photos sont montées sur « Dibond, un support d’aluminium laminé destiné aux utilisations commerciales qui résiste à l’abrasion et même aux tempêtes maritimes ! » explique le commissaire.
Le visiteur y retrouvera des images exceptionnelles, dont celle, très christique, de l’artiste Armand Vaillancourt. Vous y verrez aussi des images remarquables de la chorégraphe Suzanne Rivest ainsi que de la peintre Rita Letendre, du photographe, designer graphique et affichiste Vittorio Fiorucci, du photographe Marc-André Gagné…
Voilà un art photographique que Hardy-Vallée qualifie avec justesse de « théâtral ». « Les humains y sont présentés comme des personnages : le style d’éclairage et le traitement des contrastes sur les épreuves donnent souvent l’impression qu’ils sont sur une scène. Les sujets ne sont pas simplement “posés” pour se représenter eux-mêmes. Un portrait classique, c’est une image d’une personne qui dit “je suis cette personne”. Dans les photos de John Max, les gens sont souvent représentés d’une manière qui suggère qu’ils construisent plutôt un personnage pour la caméra. La planche contact d’Alfred Pellan est un excellent exemple qui en montre le processus. » Le commissaire a d’ailleurs décidé de montrer cette planche contact en entier dans un des panneaux de l’exposition.
Hardy-Vallée ne voulait pas à nouveau exposer Open Passport, car cette série, dont « il faut voir la suite des 161 images pour bien la comprendre », est « comme un roman ». Il a plutôt « commencé la conversation au sujet de Max sur de nouvelles bases » en « retournant à ses débuts », au moment où « il a établi son nom ». Il ajoute : « J’ai décidé de me concentrer sur le portrait et de ne pas aborder la dimension de la séquence, étant donné les contraintes d’espace. Je suis donc allé à la recherche d’images fortes, mais aussi d’images qui avaient une valeur historique. Ma propre compréhension de l’histoire de l’art au Québec a été décuplée en dépouillant les archives de Max. J’ai donc voulu aller chercher des noms qui sont importants, mais parfois oubliés, ou qui montrent le besoin de la redécouverte. Suzanne Meloche en est un exemple : sans le roman d’Anaïs Barbeau-Lavalette ou le film de Manon Barbeau, c’est une personne importante qui aurait été oubliée. J’ai donc inclus pour cette même raison Louky Bersianik, Jean Letarte, Suzanne Rivest, Arthur Lipsett ou Guy Borremans. »
Hardy-Vallée poursuivra son travail de fond sur John Max. « J’ai deux projets de livre en développement pour faire mieux connaître son oeuvre. Le premier est un livre photographique, en français, qui présente une sélection de son corpus d’images des artistes montréalais pour la période 1956-1964. J’espère le mener à bien d’ici l’an prochain. Le second est une monographie, en anglais, pour le compte des presses universitaires McGill-Queen’s. Je tente de montrer comment Max a utilisé la photographie comme support pour tisser des liens d’appartenance avec différents milieux et communautés. Tangentiellement, je prépare également un article scientifique sur l’exposition collective Photographie 57, la première à laquelle Max a participé, expo qui, en 1957, a rassemblé plusieurs artistes, dont Jean-Paul Mousseau, Michel Brault et Gordon Webber. »
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