DIX DEMI-FINALISTES POUR «PIANO 2024»

Au terme d’un casse-tête pour le jury présidé par Zarin Mehta, 10 demi-finalistes du Concours musical international de Montréal (CMIM) ont été désignés mardi soir. Deux Canadiens restent en lice : les Britanno-Colombiens Carter Johnson et Jaeden Izik-Dzurko.

Vendredi soir, pour la première fois, la demi-finale d’une « édition piano » du CMIM débutera avec une épreuve de musique de chambre, les concurrents devant interpréter au choix, avec les premières chaises de l’Orchestre symphonique de Montréal, un parmi cinq mouvements d’un quatuor avec piano de Beethoven, Brahms, Fauré, Mozart ou Schumann. Cette « petite » épreuve pèsera certainement lourd dans la balance, avant les demi-finales en solo samedi soir et dimanche après-midi.

Quatre Canadiens

Quatre Canadiens participaient à « Piano 2024 », et la valeur des deux pianistes non retenus dit tout du niveau de la compétition. JJ Jun Li Bui décrocha en 2021 le sixième prix du Concours Chopin, remporté cette année-là par Bruce Liu ; à 17 ans, il en était alors le plus jeune compétiteur.

Il étudie avec Dang Thai Son, le professeur de Bruce Liu, justement. Elisabeth Pion, bien connue chez nous, a donné plusieurs récitals et concerts à Montréal, dont le Concerto pour piano d’Hélène de Montgeroult avec Arion, enregistré pour Atma.

Les deux artistes qui restent en lice sont Carter Johnson et Jaeden Izik-Dzurko. Ce n’est pas si surprenant : Carter Johnson, 27 ans désormais, fut en 2018 le lauréat du Concours OSM et du Concours de musique du Canada ; et nous avons déjà écrit ici toute notre admiration pour Jaeden Izik-Dzurko, premier prix du Concours Maria Canals, deuxième du Concours OSM 2022, désormais élève de Jacob Leuschner à Detmold et de Benedetto Lupo à Rome. Son récital de premier tour était splendide.

Une mutation

Les huit autres concurrents qui disputeront les lauriers sont Elias Ackerley, un très impressionnant Anglais de 22 ans, qui partage sa vie entre le Royaume-Uni et la Corée ; l’Italienne Michelle Candotti, qui fêtera ses 28 ans au lendemain de la finale ; Antonio Chen Guang, un Chinois de 29 ans, dauphin de Izik-Dzurko au Maria Canals 2022 ; la Japonaise Arisa Onoda, 28 ans, qui « a participé à plus d’une douzaine de concours internationaux majeurs » depuis 2014 ; le New-Yorkais Anthony Ratinov, 26 ans ; l’Italien Gabriele Strata, 25 ans ; et Derek Wang des États-Unis, bientôt 26 ans, qui a attaqué son concours avec la Fantaisie K. 475 de Mozart.

Quatre de ces neuf candidats sont — ou ont été — des élèves à l’Université Yale. Boris Berman, Dang Thai Son, Benedetto Lupo, Boris Slutsky, Ronan O’Hara sont des noms de professeurs qui reviennent dans plusieurs CV.

Nous avons gardé pour la fin le nom de Jakub Kuszlik, une vieille connaissance pour qui a suivi le Concours Chopin en 2021. Il y obtint le quatrième prix et le Prix de la mazurka.

Kuszlik, qui a été le pianiste coup de coeur du « jury de la relève », formé de neuf étudiants en étude avancée en piano des trois universités de Montréal, encadrés par Janelle Fung (on les comprend : il était en roue libre dans une exceptionnelle 3e Sonate de Chopin, mais n’a rien prouvé dans Debussy), illustre, à lui seul, le changement exposé par Chantal Poulin, nouvelle directrice du CMIM, dans notre entretien publié samedi : « Avant, c’étaient des jeunes de la relève ; maintenant, on parle d’artistes de la nouvelle génération. »

Imaginer un lauréat du Concours Chopin (concours « hors catégorie », s’il en est) venir concourir trois ans plus tard à Montréal, était auparavant totalement inconcevable. Et ils sont deux dans ce cas.

Cela nous dit des choses. Soit sur les ressacs de la pandémie pour les lauréats du début de cette décennie, soit à propos d’une saturation du monde musical, soit sur la finalité des concours, qui, départis de leur fonction de révélateur ou catalyseur, deviendraient un circuit international parallèle rémunérateur pour jeunes artistes méritants.

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