«DARK MATTER», JAMAIS TROP DE JENNIFER CONNELLY

Brillant professeur, Jason mène une existence heureuse auprès de Daniela, une artiste douée, et Charlie, leur fils adolescent de qui il est très proche. En fait, la vie de Jason est si parfaite, qu’un jour, un double envieux, « Jason2 », le kidnappe et l’abandonne dans une réalité parallèle, puis prend sa place auprès de Daniela et Charlie. C’est que dans le monde alternatif en question, Jason2 décida autrefois de ne pas épouser Daniela et de plutôt poursuivre ses recherches en physique quantique. Grâce à une invention révolutionnaire, Jason2 a rendu possibles les voyages à travers une infinité de dimensions, dimensions que Jason devra parcourir afin d’empêcher Jason2 de le remplacer pour de bon. Dans l’ambitieuse série de science-fiction Dark Matter, Jennifer Connelly, avec qui nous nous sommes entretenus en exclusivité, incarne toute une variété de Daniela.

« Le projet m’a tout de suite séduite », confie par visioconférence la lauréate d’un Oscar pour le film A Beautiful Mind (Un homme d’exception), avec déjà un mari scientifique dépassé par ses expérimentations.

« Initialement, j’ai vraiment lu les scénarios des [huit] épisodes de manière objective, sans essayer d’imaginer comment je jouerais les Daniela. Je me suis d’abord imprégnée du récit et de l’univers proposé. Dans un second temps, j’ai lu le roman de Blake [Crouch, concepteur, producteur et scénariste de la série]. Brillant. »

En l’occurrence, la science-fiction, Jennifer Connelly connaît et aime. De fait, dans sa filmographie se côtoient la superproduction The Day the Earth Stood Still (Le jour où la terre s’arrêta), la série d’anticipation Snowpiercer (Le Transperceneige), sans parler des genres connexes comme la fantaisie (Labyrinth/Labyrinthe ; Noah/Noé ; Winter’s Tale/Conte d’hiver), le surnaturel (Dark Water/Eau trouble) ou les superhéros (The Rocketeer, Hulk)…

Toutefois, c’est surtout au film culte Dark City (Cité obscure) que l’on songe, puisque Jennifer Connelly y incarnait un personnage, disons, plusieurs fois « reconfiguré » en cours d’intrigue. Dans Dark Matter, la Daniela principale est le modèle auquel on compare les versions alternatives que croise Jason au cours de son épopée quantique.

« C’était stimulant, parce que ça impliquait une myriade de questions que je n’ai pas à me poser habituellement pour un rôle défini », poursuit l’actrice au regard de jade et à la chevelure de jais emblématiques.

« Quelle est la ligne de force commune qui prévaut chez toutes les Daniela ? Quels détails changent, selon les choix de vie que chacune a faits ? Certaines versions de Daniela ne sont qu’entraperçues, et on doit pourtant comprendre à quel point elles sont différentes de la Daniela principale. Établir ces variantes-là constituait un chouette défi. »

Trouver son compte

Or, les défis sont un véritable carburant pour Jennifer Connelly. Il faut dire qu’elle a commencé tôt dans ce métier, toute gamine.

« Je n’étais qu’une enfant : j’avais à peine 11 ans [dans Once Upon a Time in America/Il était une fois en Amérique]. À l’époque, pour moi, ça se résumait à me placer au bon endroit et savoir mes répliques. Que tout le monde sur le plateau ait l’air content : c’était pas mal tout ce qui comptait alors. »

À présent, « contenter » tout le monde n’est plus la priorité. Lorsqu’on lui offre un rôle, Jennifer Connelly doit y trouver son compte.

« Je cherche des personnages qui vont attiser ma curiosité ; des personnages qui sont complexes, qui ne se révèlent pas d’entrée de jeu… Des personnages qui sont humains, au fond. »

Là encore, un coup d’oeil à sa feuille de route atteste la détermination de l’actrice en la matière. En effet, au tournant des années 1990, les studios tentèrent de la réduire à un sex-symbol (The Hot Spot ; Career Opportunities/Une place à prendre), mais ce carcan, très peu pour elle.

Après des études à Yale puis Stanford, elle se mit en quête de partitions plus ambitieuses. Enfin, à partir de la fin des années 1990 et au cours des années 2000, vinrent des projets indépendants exigeants, comme Waking the Dead, Requiem for a Dream (Retour à Brooklyn), Pollock, House of Sand and Fog (Maison de sable et de brume), Little Children (Les enfants de choeur), ou Virginia, qui à répétition prouvèrent que derrière l’immense beauté résidait un immense talent.

Portrait d’un mariage

Depuis sa consécration grâce au film A Beautiful Mind en 2001, Jennifer Connelly ne s’est pas assise sur ses lauriers. Au contraire, l’actrice est une bûcheuse qui prend son métier très au sérieux.

« Au fil des ans, j’ai développé une méthode de travail, en pigeant un peu partout dans différentes approches… Quand je prépare un rôle, je suis dans un premier temps très analytique. J’effectue énormément de recherches en lien avec la vie du personnage — son métier, sa situation. Tous les aspects du personnage avec lesquels je ne suis pas familière, je m’arrange pour le devenir en réunissant autant d’informations que possible. Ensuite viennent les intuitions, mais aussi les choix concrets… »

Parlant de ce qui est « concret », ce qui attira le plus Jennifer Connelly dans le projet de Blake Crouch, précise-t-elle, ce ne sont ni les considérations philosophiques, ni les questionnements existentiels inhérents aux péripéties des protagonistes. Pour la comédienne, l’attrait vint de quelque chose de plus intime et, oui, de plus tangible.

« L’aspect du projet qui m’a le plus interpellée, c’est que, déparé de tout le côté spectaculaire, de toute la dimension science-fiction, c’est le portrait d’un mariage. Cette femme se bat pour sauver son couple, sa famille. Et ça, ça me touche énormément. »

Au vu de la série et de sa démultiplication des personnages, un autre constat s’impose, très concret lui aussi, à savoir qu’on n’a jamais trop de Jennifer Connelly.

Les deux premiers épisodes de Dark Matter paraissent sur Apple TV+ le 8 mai.

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