CULTIVER LA PASSION DES CLAQUETTES, DE WINNIPEG à GATINEAU

Un duo de danseurs de claquettes souhaite repousser les frontières de leur art en se reconnectant à ses racines. Pour cela, ils organisent des cours et des spectacles, tout en travaillant actuellement sur un court-métrage à Winnipeg.

Ella Steele et David Lafleur se sont rencontrés lors d’un stage de danse à Toronto il y a quelques années. Ella vient de Winnipeg et David, de Gatineau. C’est grâce à leur travail avec leur mentor, le danseur Rylan Foley, qu’ils se sont rapprochés.

En tap dance souvent, un mentor ce n’est pas quelqu’un de qui tu vas prendre un cours d’une heure pour apprendre ses pas, explique David Lafleur, c’est plus [...] passer du temps ensemble, aller souper, danser ensemble, improviser.

Après avoir travaillé sur différents projets et participé à des cours ensemble, ils ont décidé de se réunir pour développer des créations originales.

C’est ainsi qu’est née leur compagnie (in)sight durant la pandémie. Ils veulent développer leur vision de ce que peuvent être les claquettes, à travers une collaboration entre l’Outaouais et le Manitoba.

À ce jour, [la distance] n’a pas été une barrière à aucun projet, en fait ça a même ouvert plus de possibilités , plus d’opportunités aussi, raconte David Lafleur.

Il explique qu'ils sont notamment animés par un désir de démocratiser le tap dance. Ella Steele, de son côté, souligne leur lien à la musique jazz.

Nous créons beaucoup avec de la musique originale ce qui est une avenue qui nous passionne tous les deux en tap dance, dit-elle, et nous voulons créer de la musique qui est composée en réfléchissant spécifiquement au tap dance.

Ils soulignent également l'importance pour eux de rappeler l’histoire des claquettes, un style de danse né au 19e siècle aux États-Unis, avec notamment des danseurs africains-américains comme pionniers.

Cette histoire, David Lafleur et Ella Steele tiennent à la partager avec leurs élèves dans leurs cours. Ils y reviennent également dans leurs créations puisqu’ils tiennent à travailler avec de l’improvisation plutôt que seulement des pas chorégraphiés.

L'improvisation est à la base de cette forme d'art. [...] Donc c’est très important pour nous d’inclure ça dans notre travail, explique Ella Steele.

Un court-métrage en préparation

L'improvisation, ils l’utilisent notamment pour créer la bande sonore d’un court-métrage sur lequel ils travaillent en ce moment.

Ils nous reçoivent lors d’une de leurs sessions d’enregistrement, au studio No Fun Club, à Winnipeg. Chacun placé sur une petite plateforme de bois, ils improvisent ensemble au son de la musique des artistes Keegan Steele, à l'harmonium, et Nolan Gottfried, au saxophone.

Le son du métal de leurs souliers sur le bois servira à créer l’ambiance de ce film qui a pour objectif d’explorer le mysticisme dans la création artistique en s’inspirant notamment de l’artiste britannique William Blake.

Ella Steele explique avoir voulu s’inspirer d'artistes qui ont créé avec une inspiration divine.

Cette initiative leur vient d’un désir d’inclure une trame narrative dans leur création tout en présentant l’art des claquettes autrement. En effet, il n’y aura pas de danseurs de claquettes dans le film, plutôt des comédiens. Il s’agit donc pour eux d’utiliser leur instrument de toutes les façons possibles.

La trame sonore est la première étape de création de ce film qui sera tourné plus tard cet été. Entre-temps, David Lafleur et Ella Steele se consacrent également à l’enseignement de leur art.

Rassembler les danseurs de Winnipeg

De vendredi à dimanche, (in)sight organise un stage pour les danseurs de claquettes de Winnipeg. L’objectif est de leur permettre de partager leur expérience avec des musiciens jazz et d’apprendre tous ensemble.

La fin de semaine se conclura avec un spectacle dimanche soir au Park Theatre dans le quartier Osborne. Les participants du stage pourront performer. Il y aura également de la danse swing. Ils espèrent ainsi faire découvrir à des nouveaux venus leur art.

Ella Steele danse depuis qu’elle est toute jeune à Transcona au studio Doreen Bissett School of Dance qui appartient à sa mère. Aujourd’hui, elle y enseigne. Elle a également fondé un programme préprofessionnel pour des danseurs du Manitoba qui veulent s'entraîner en claquettes.

Elle travaille aussi avec des musiciens jazz puisque leur art est intimement lié aux claquettes.

J'ai eu la chance qu'on me demande récemment d'enseigner un atelier de deux heures à l'Université du Manitoba devant une salle remplie de musiciens jazz. J'ai eu l'occasion de partager l'histoire du tap dance [...] et beaucoup d'entre eux étaient très intéressés à collaborer avec la communauté de claquettes ici, raconte-t-elle.

Elle reconnaît qu'elle organise la plupart des événements de claquettes à Winnipeg, mais elle a confiance en la prochaine génération.

Il a beaucoup de très bons jeunes danseurs. Un objectif que j’ai c’est de continuer à attirer des gens de partout en ville, dit Ella Steele.

Après un été occupé au Manitoba, le duo (in)sight travaillera plutôt sur le territoire de David Lafleur au Québec. Ils ont des projets créatifs et aussi une tournée de trois spectacles à venir.

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