JENNIE CARIGNAN SERA LA PROCHAINE CHEFFE D’éTAT-MAJOR DE LA DéFENSE DU CANADA

La lieutenante-générale Jennie Carignan sera la prochaine cheffe d'état-major de la Défense du Canada, selon des informations de CBC/Radio-Canada. Elle deviendra ainsi la première femme dans l’histoire du pays à occuper cette fonction.

Le premier ministre Justin Trudeau devrait annoncer officiellement la nomination de Mme Carignan mardi prochain avant le 75e sommet de l'OTAN, qui aura lieu du 9 au 11 juillet à Washington. Officiellement, c'est le gouverneur général qui nomme les chefs de la Défense à partir des recommandations du cabinet fédéral.

Jennie Carignan, qui est originaire de Val-des-Sources (anciennement Asbestos), en Estrie, succède au général Wayne Eyre, qui prend sa retraite après 40 ans de service. Depuis la création de ce poste, en 1964, 21 hommes s'y sont succédé.

En 2021, alors qu'elle avait le grade de lieutenante-générale, Mme Carignan avait eu le mandat d’imposer un profond changement de culture au sein des Forces armées canadiennes, aux prises avec des allégations d’inconduite sexuelle. Elle avait alors été nommée à la tête du groupe Chef – Conduite professionnelle et culture.

C'est comme une opération à cœur ouvert sur un patient qui est en train de courir, avait-elle alors affirmé à titre d'illustration en entrevue aux Coulisses du pouvoir.

Plus de 30 ans de service

La lieutenante-générale, qui sert dans les Forces armées canadiennes depuis plus de trois décennies, est considérée comme une pionnière pour les femmes canadiennes qui œuvrent dans des rôles de combat.

Elle s'est enrôlée au Collège militaire royal du Canada en 1986, six ans après que cet établissement eut commencé à admettre des femmes.

En 2016, elle devient la première femme au monde à émerger des forces de combats pour obtenir un poste de commandement très élevé.

En 2019, elle est devenue la militaire la plus haute gradée du Québec lors de sa nomination à la tête du commandement de la 2e Division du Canada et de la Force opérationnelle interarmées (Est).

Au pays, elle a dirigé les efforts d'intervention d'urgence lorsque les Forces canadiennes ont été déployées au Québec, en 2019, pour aider les collectivités à faire face aux graves inondations printanières. Plus tard la même année, elle a été nommée à la tête de la mission de formation de l'OTAN en Irak.

Elle a été dépêchée à l'étranger sur le plateau du Golan, situé entre la Syrie et Israël, et en Bosnie-Herzégovine. Elle a également dirigé une force opérationnelle d'ingénieurs à Kandahar, de 2009 à 2010, au plus fort de l'insurrection des talibans.

Des défis importants

Jennie Carignan arrive en poste alors que les Forces armées canadiennes (FAC) doivent faire face à des défis importants.

L’armée est aux prises avec ce qu’un rapport externe accablant de Louise Arbour – ancienne juge de la Cour suprême et ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme – a qualifié de culture toxique d’inconduite sexuelle. Près d’une douzaine de dirigeants ont été accusés d’inconvenance sexuelle ou de minimisation de comportements odieux ces dernières années.

Invitée à l’émission Tout peut arriver en octobre 2023, Jennie Carignan explique les démarches entreprises par l'organisation pour mieux soutenir les victimes à l'avenir. Bien qu’elle sache qu’il reste du chemin à parcourir, elle disait alors croire que l’organisation est sur la bonne voie pour épauler comme il se doit les membres qui portent plainte après avoir subi des violences sexuelles.

Ce que je dois absolument dire, c’est qu’on sait que ce n’est pas parfait et qu’on a du travail à faire, et on le fait. On le fait de façon très transparente , avait-elle alors affirmé.

Les FAC sont aussi confrontées à ce que le ministre de la Défense, Bill Blair, a reconnu comme une spirale de la mort en matière de recrutement. À la fin de 2023, le document indique qu'il manquait 15 780 membres aux effectifs des FAC, un chiffre qui englobe à la fois les éléments réguliers et les éléments de réserve.

Plus tôt cette année, CBC News a rapporté que seulement 58 % des forces militaires seraient en mesure de réagir si elles étaient appelées à intervenir en cas de crise par les alliés de l'OTAN en ce moment. Par ailleurs, près de la moitié de l'équipement militaire est considéré comme indisponible et inutilisable.

En outre, le Canada fait face à des pressions de la part de ses alliés pour qu’il respecte ses engagements en matière de dépenses dédiées à la défense afin qu’elles représentent 2 % de son PIB. Le Canada est le seul des 32 pays membres à ne pas avoir annoncé publiquement un plan visant à atteindre ce but d'ici la fin de la décennie.

Avec les informations de Philips Lings et de Murray Brewster, avec la collaboration de Nicolas Bourcier

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