« ON M’A MENTI » : UNE MèRE RéCLAME JUSTICE APRèS LA MORT DE SA FILLE DIABéTIQUE

Heidi Clarke, une mère de Summerside à l'Île-du-Prince-Édouard, réclame justice après la mort de sa fille.

Brandi Clarke est décédée à 25 ans, le 19 mars 2023, d'une acidocétose diabétique, une complication rare du diabète causée par le manque d'insuline.

Elle souffrait de diabète de type 1 et de psychose.

Elle vivait dans une maison de transition gérée par l'Association canadienne de la santé mentale (ACSM) et supervisée en tout temps par une équipe médicale, à Charlottetown.

Une lettre de son médecin en famille en 2020 indiquait qu’elle avait besoin de rappels quotidiens pour mesurer son taux de sucre et prendre son insuline, mais aussi pour prendre soin de son hygiène corporelle.

La jeune adulte était malheureusement un danger pour elle-même. Sa mère ne pouvait assurer toute la supervision recommandée par le médecin, notamment pour la préparation de ses repas. Je ne pouvais pas la laisser seule. J’avais peur qu’elle brûle la maison, a confié Heidi Clarke.

Négligence, accuse la mère

Lorsque Brandi Clarke avait 23 ans, au printemps 2021, sa mère l’avait confié à une résidence adaptée gérée par l’ACSM à Summerside. En septembre 2022, elle a emménagé dans une autre à Charlottetown. Cet établissement avait une équipe médicale en tout temps, tandis que celle de Summerside n’était pas supervisée les soirs et fins de semaine.

Heidi Clarke dit ne pas avoir reçu d’explication valable pour la mort de sa fille. Elle accuse l’Association canadienne de la santé mentale de négligence.

La mère dit qu’on lui a assuré, lors d’une session d’accueil pour sa fille, que le personnel à Charlottetown était formé adéquatement pour aider les personnes diabétiques. Elle ne croit pas que c’était réellement le cas. On m’a menti à l’accueil, assure Mme Clarke.

Le moniteur de glucose de Brandi Clarke indique qu'il n'a été utilisé que deux fois durant son séjour, le 1er septembre 2022 et le 29 janvier 2023.

Elle est décédée en mars 2023 d'une acidocétose diabétique.

Plus d'un an après, la mère attend toujours des réponses et réclame une enquête publique pour qu'un tel évènement ne se reproduise plus

Selon Heidi Clarke, ce décès n'aurait jamais dû se produire. L’endocrinologue David Campbell, de la faculté de médecine de l’Université de Calgary, est d’accord. C’est une histoire horrible, parce que l’issue fatale de cette condition est parfaitement évitable, déclare-t-il.

Ça ne devrait jamais arriver. C’est un reflet de notre système de santé et de notre filet social, critique-t-il.

Elle veut des réponses

L’Association canadienne de la santé mentale a refusé d’accorder une entrevue au sujet du décès de Brandi Clarke. Dans un courriel, l’organisme de bienfaisance a déclaré que son chapitre à l’Île-du-Prince-Édouard prenait la situation très au sérieux et était en communication avec Heidi Clarke.

Heidi Clarke confirme avoir rencontré personnellement la directrice dans la province, Shelley Muzika, mais affirme qu’il lui a fallu relancer l’association pendant 11 mois pour obtenir cet entretien.

Mme Clarke a demandé à la régie de santé de l’Île-du-Prince-Édouard d’ouvrir une enquête sur la mort de sa fille. La régie a répondu qu’elle n’avait pas ce pouvoir, mais qu’elle pouvait faire cette demande au coroner en chef de la province.

Dans une déclaration écrite, le bureau du coroner a indiqué qu’une décision n’avait pas encore été prise à ce sujet.

Heidi Clarke envisager des poursuites. Les avocats à qui elle a parlé lui auraient dit que ce serait trop cher.

Ce n’est pas une question d’argent pour moi. Je veux simplement que quelqu’un prenne ses responsabilités, déclare-t-elle. Je ne veux pas que quelqu’un d’autre vive la même chose que moi. Personne ne mérite ça.

D’après les reportages de Kerry Campbell (CBC) et de Julien Lecacheur

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