DANS L’œIL D’IVANOH : MONTRER LE HANDICAP OU LA PERFORMANCE?

L’action se déroule aux Jeux paralympiques, à Paris. Un athlète en fauteuil roulant tient sa jambe prothétique dans sa main gauche. Dans sa main droite, il tient une raquette de tennis. L'image est bien composée. La lumière est tamisée, agréable. Mais il y a un petit détail qui me dérange.

Sur le terrain, un photojournaliste doit toujours se poser la question suivante : c'est quoi la nouvelle? Quelle image puis-je tenter de faire pour expliquer adéquatement en un clin d'œil l’événement? C’est la base de notre travail.

L’athlète Daniel Rodrigues quitte le court avec sa jambe artificielle dans sa main. Il est un joueur de tennis handicapé. L'agence de presse Getty a choisi cette photo comme une de ses meilleures images de la semaine et l'a publicisée en une de son site web. Du point de vue sportif, la photo ne représente aucun exploit.

Et c’est le problème de cette image. À part souligner le handicap de l'athlète, cette photo ne nous informe pas sur les performances sportives de Daniel Rodrigues.

Ce qui me pousse à la réflexion suivante : doit-on illustrer son handicap ou sa performance lors des Jeux?

Idéalement, les deux.

Je ne critique en rien le travail des photographes. D’ailleurs, le photographe Michael Steele a également couvert la performance sportive du joueur de tennis brésilien. L’image est peut-être moins inusitée, mais plus informative.

Daniel Rodrigues a gagné ses deux premiers matchs du tournoi pour finalement s’incliner en huitièmes de finale.

Récemment, j’ai photographié la parajudoka canadienne Priscilla Gagné. Non-voyante, elle s’est battue pour la médaille de bronze en judo à Paris.

Lors de notre session photo, je lui ai demandé de la photographier avec son chien. Je suis tombé dans le même piège que tout le monde. En incorporant le chien dans l’image, j’ai inconsciemment fait une image qui souligne son handicap.

Était-ce nécessaire? Je me pose la question. Si cette réflexion peut nous éviter de tomber constamment dans des stéréotypes, tant mieux.

Sur une note plus positive, il y a des images qui illustrent fort bien les performances des athlètes aux Jeux paralympiques. Et de jolis clichés par surcroît.

Cette photo du Danois Daniel Wagner, qui a effectué un saut de 7,39 mètres lui permettant d’obtenir la médaille d’argent, constitue un bel exemple.

Le mouvement de son corps, le choix d’un bel arrière-plan avec les lumières du stade, l’écran au sol avec les informations de la distance parcourue. Tout y est.

Pour obtenir cet effet, le photographe Ezra Shaw a utilisé une caméra avec un objectif grand angulaire au niveau du sol. L'appareil photo est ensuite déclenché à distance.

Cette technique permet aux photographes d'avoir des points de vue très proches des athlètes lors de compétitions sportives.

J’adore cette image qui illustre sobrement la complicité entre deux coéquipiers. C’est la beauté du sport.

Que ce soit dans la victoire ou la défaite, ces moments très brefs se produisent la plupart du temps à la fin de la compétition.

Un des éléments les plus difficiles à capter lors de compétitions sportives, c’est l’émotion. Ce sont des moments forts qui font partie du sport. Mais ça va très vite. Il faut être très attentif et vigilant pour obtenir une bonne photo.

Mon clin d'œil de la semaine

Pierre Fitzgibbon a quitté la vie politique cette semaine. Je l’ai croisé à plusieurs reprises lors de multiples conférences de presse.

Cette photo d’archives prise lors de l’inauguration de l’usine Lion Électrique à Mirabel illustre bien son passage en politique.

Avec son physique imposant, j’ai remarqué que, la plupart du temps, il affichait une mine très sérieuse. Cette image-ci diffère un peu.

Souriant, il venait de quitter le lutrin après son discours. Je trouve que le cliché montre bien son association à la filière électrique.

2024-09-07T08:10:54Z dg43tfdfdgfd