SANS-FIL : ON A «TOUS LES MORCEAUX» POUR SE LANCER, DIT LE PATRON DE COGECO

MONTRÉAL — «Tous les morceaux» sont en place pour que Cogeco Communications puisse lancer un service de téléphonie mobile au Canada, assure son président et chef de la direction, Frédéric Perron.

Le câblodistributeur montréalais détient une entente confidentielle de location de réseau avec l’une des trois grandes sociétés de communications canadiennes. Il a aussi conclu un autre accord avec Eastlink pour la fourniture des plateformes de technologie.

«Donc là, on en est à connecter tout ça ensemble, nos systèmes, ceux d’Eastlink et celui du réseau, résume M. Perron en entrevue. Plus, (on doit) former nos employés à le vendre et finaliser notre offre de marché. Ce n'est pas un travail herculéen, mais ça doit être fait.»

Le lancement devrait survenir «dans les prochains trimestres», mais le dirigeant n’a pas voulu s’avancer à savoir si ce serait chose faite d’ici la fin de l’année 2025.

Cogeco évoque la possibilité de lancer un service de téléphonie mobile au Canada depuis près de sept ans, soit bien avant que M. Perron ait pris les rênes de l’entreprise en mars dernier.

La société devait d’abord s’assurer que le contexte réglementaire lui était favorable afin de louer l’accès au réseau d’un grand fournisseur. Les conditions sont maintenant remplies pour faire le saut.

Cogeco a mis un orteil à l’eau en offrant ce service à Sept-Îles en 2023, afin de répondre à certaines conditions du cadre réglementaire du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

Pour le lancement en bonne et due forme, l’entreprise ne compte pas y aller une région à la fois, mais souhaite offrir rapidement une couverture à la grandeur du territoire qu’elle dessert, au Québec et en Ontario. «On pense y aller assez vite. On n'a pas vraiment de raison de prendre trop notre temps.»

Cogeco va concentrer ses efforts promotionnels sur les forfaits qui offriront câble et téléphonie mobile sur les territoires qu’elle occupe déjà. «Notre stratégie, c'est vraiment de l'offrir comme produit additionnel à nos clients existants pour maximiser leur loyauté, explique-t-il. L'autre partie de la stratégie, c'est les nouveaux clients qui magasinent pour une offre combinée. On va être capable d'avoir une offre pour ces clients.»

L’analyste Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux, qualifie la stratégie de Cogeco «de geste défensif», soit «un outil pour réduire le taux de désabonnement et pour étendre le bassin de clientèle».

M. Perron reconnaît que la téléphonie mobile sera davantage un outil de fidélisation qu’une importante source de revenus au début du lancement. «À moyen et à long terme, on garde encore la porte ouverte, que le sans-fil pourrait un jour devenir plus gros, mais il faut voir aussi comment le marché évolue.»

Au printemps dernier, Cogeco a lancé son service de téléphonie mobile aux États-Unis par l'entremise de sa filiale américaine Breezeline. «Aux États-Unis, c'est encore très récent. Ce qu'on a appris jusqu'à maintenant, c'est que c'est plus facile de le vendre à nos clients existants. Le marché est aussi relativement agressif. Donc, ça prend des offres qui sont concurrentielles.»

Ventes d’actifs?

Outre le lancement du sans-fil, les investisseurs se questionnent à savoir si Cogeco pourrait vendre certains actifs, notamment des parties de son réseau aux États-Unis ou du spectre au Canada.

Cogeco possède du spectre «dans presque toutes les régions où on a un réseau filaire». «On a investi 588 millions $ en spectre au cours des dernières années», dit le patron de l’entreprise.

Grâce à la location d’un réseau, Cogeco pourrait ne pas avoir besoin de tout son spectre. Si son service est plus utilisé dans certaines régions, Cogeco pourrait décider d’utiliser du spectre pour bâtir son propre réseau. Elle pourrait aussi louer son spectre à un autre fournisseur. Elle pourrait également en vendre une partie, résume M. Perron.

Le bruit court que le contexte serait plus favorable aux transactions dans le secteur de la câblodistribution depuis l’élection de Donald Trump «qui a été plus favorable aux transactions au cours de son premier mandat», constate l’analyste Jérôme Dubreuil, de Desjardins Marché des capitaux, dans une note récente.

«Toutefois, le marché des fusions-acquisitions dans l’industrie de la câblodistribution a été très calme depuis plusieurs années, souligne l’analyste. Nous ne sommes pas convaincus que Cogeco veuille être le premier à le relancer.»

Cogeco est ouvert à se départir de certains actifs au sud de la frontière, «si ça fait du sens stratégiquement, opérationnellement et financièrement», répond M. Perron.

Il n’est toutefois pas question de plier bagage. «Pour être très clair, je parle ici d’actif très ciblé, insiste-t-il. (…) Il n'est pas question de quitter le marché américain. On est très fiers de notre présence aux États-Unis.»

Entreprises dans cette dépêche : (TSX : CGO, TSX : CCA)

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

2025-01-24T18:19:28Z