L’auteur-compositeur-interprète montréalais Leif Vollebekk explore toutes les facettes de l’inconscient sur son cinquième album Revelation. Une quête de sens se dessine au fil des 11 chansons qui se sont bâties à la fois autour de l’astrophysique et de la poésie, du rêve et d’un voyage vers soi.
Quand je travaille, je n’ai aucune idée où je m’en vais. Au début, l’album n’existe pas. Il deviendra quelque chose après quelque temps
, explique en entrevue le multi-instrumentiste.
Après Inland (2010), North Americana (2013), Twin Solitude (2017) et New Ways (2019), qui revêtaient chacun une couleur et un processus créatif distinct, Revelation est l’album de la lenteur, du temps et de l’introspection.
J’ai eu trop de temps pour lire et réfléchir, dit-il en riant. J’ai été seul plus souvent avec la pandémie et l’album s’est révélé à moi petit à petit, parfois en réfléchissant, parfois en rêves. Je voulais qu’il soit touchant, mais d’abord, qu’il me touche moi aussi.
En lisant la poésie de Rimbaud et en renouant avec des aspirations scientifiques enfouies, les textes ont commencé à s’écrire et à développer un sens particulier.
Physique quantique et alchimie font ainsi partie de sa démarche, notamment parce que les scientifiques de renoms sont connus pour leurs illuminations
.
J’étais fasciné par l’idée d’avoir un moment de clarté qui vient de l’extérieur de soi, comme un cadeau, évoque-t-il. Les chansons sont venues comme ça. Rock n Roll – la première sur l’album – je l’ai vécue en rêve. Je me suis carrément levé un matin en prenant la guitare et en m’assoyant au piano pour refaire ce que j’avais entendu en dormant et que j’avais trouvé si beau.
Même si le Montréalais amorce sa tournée en Europe, ce mardi, en Suisse, et qu’il reviendra en Amérique par les États-Unis après une dizaine de spectacles européens, Leif Vollebekk ne s’enracine réellement qu’à la maison.
À Toronto, je ne me sens pas chez moi, et en France, je ne me sens pas assez francophone, soutient-il, amusé. Il n’y a qu’à Montréal, quand je parle franglais et que je peux croiser un ami sur n’importe quel coin de rue, que je me sens sincèrement inspiré.
Très fier de sa ville, le musicien la compare à New York, mais sans les fréquences cérébrales de toute la population qui empêchent d’être dans sa bulle
.
Même si les pièces sont nées dans la solitude, bon nombre de collaborations permettent à Leif Vollebekk d’insuffler la juste expansion à chaque morceau.
Le talent de son bassiste (également multi-instrumentiste) dépasse l’entendement, selon lui.
Il y a tellement de trucs que j’ai appris de lui, exprime-t-il. Si je lui demande comment il a pensé à la ligne qu’il vient de jouer, il n’est pas capable de me dire d’où ça vient, ni même de la reproduire de façon exacte, alors qu’on a vraiment l’impression que ce qu’il vient de faire ne peut pas être une improvisation. Il m’a aussi trouvé une basse Hofner 1960, à Minneapolis. Je ne m’en sépare plus.
Si on ne voit Leif Vollebekk qu’une seule fois en spectacle, on comprend d’emblée que ses chansons n’existent pas. Les versions enregistrées que l’on réécoute durant plusieurs semaines sur un album ne sont qu’une des existences des chansons.
Leur interprétation est malléable et le résultat intangible.
Tu m’en parles et ça me fait rire parce que je sais que tu as raison, mais je ne m’en rends pas vraiment compte, explique-t-il. Mon ami Greg parlait de moi à quelqu’un en disant ça. Il a dit que la journée où j’enregistre la chanson, je joue une des versions de la chanson. Ce n’est pas LA version de la chanson.
Enregistré au Sunset Sound à Los Angeles et au studio Dreamland de Woodstock dans l’État de New York, Revelation est une suite de pièces enregistrées en concert et magnifiées par la présence de musiciens et musiciennes de talent.
En plus de Shahzad Ismaily, le batteur Jim Keltner, la joueuse de steel guitar Cindy Cashdollar (Bob Dylan, Van Morrison, Rod Stewart) et les chœurs d’Angie McMahon et Anaïs Mitchell se greffent aux instruments de Leif Vollebekk qui s’exécute autant au piano, qu’à la guitare, à la basse, à l’orgue B3, à l’harmonica, à l’accordéon et au synthétiseur Moog, en plus d’avoir réalisé lui-même son album.
Le son des studios classiques
utilisés cette fois-ci lui permet de retransmettre un portrait plus juste du travail accompli. Un portrait exact de là où il est aujourd’hui et ici.
accompagnement
L’effet de Revelation devrait se ressentir comme un baume ou un accompagnement. Leif Vollebekk avoue avoir conçu ce cinquième album comme une boucle qui se réécoute sans fin. J’ai fini par ajouter Angel Child à la toute fin, mais à l’origine, Sunset Boulevard Expedition finissait l’album sur la même note que Rock n Roll le commençait. C’était un peu pour créer un sentiment d’infini
, explique-t-il.
Parmi les rêves qui ont su nourrir le projet, le souvenir d’un ami disparu se faufile entre les pensées qui habitent la création.
Il y a un peu de deuil dans ce disque, dit Leif Vollebekk. J’aimerais juste que les gens ressentent ce qu’ils ont besoin de ressentir. Les albums qui parlent de choses personnelles me plongent dans ce qui est important pour moi, dans ma vie, ce qui permet souvent aux autres de faire un lien avec les choses importantes pour eux. Et je veux que les gens se sentent accompagnés.
Revelation est disponible sous l’étiquette Secret City Records.
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