MONTRéAL : UN COMMISSAIRE AUTOCHTONE QUI SERA « FATIGANT » POUR FAIRE AVANCER LES DOSSIERS

Randy Legault-Rankin, de la nation Abitibiwinni, près d’Amos, devient le troisième commissaire aux relations avec les peuples autochtones de la Ville de Montréal. À 29 ans, il compte marcher dans les traces de ses prédécesseures, mais en y apportant « son âme, sa touche », son expérience. S’il se voit comme une courroie de transmission, il veut clairement faire avancer les dossiers et livrer des projets concrets.

Je veux être la personne autochtone fatigante. Il faut qu’on fasse bouger les choses, qu’on continue d’avancer, lance d’entrée de jeu cet Anishinabeg.

Petit, dans sa communauté de Pikogan, Randy Legault-Rankin voyait Montréal comme un rêve, une ville diversifiée avec la présence non seulement des 11 nations du Québec mais aussi d’autres nations du Canada et des États-Unis, explique-t-il.

Désormais, il en devient le commissaire aux relations avec les peuples autochtones, succédant à Marie-Ève Bordeleau, nommée en février 2018 et qui avait notamment eu le mandat de mettre en œuvre d’ici 2025 les 125 engagements pris par la Ville dans sa stratégie de réconciliation avec les peuples autochtones, puis à Lauréanne Fontaine, qui aura été un an à ce poste.

L’agent de liaison

S’il a débuté il y a une semaine et doit donc prendre connaissance des dossiers, il assure que ses priorités restent de travailler avec les différents acteurs et d'avancer dans les sept axes inscrits dans la stratégie de réconciliation de la Ville. L’itinérance et le logement abordable demeurent en tête de liste pour lui.

En 2018, les personnes autochtones représentaient approximativement 12 % de la population en itinérance visible à Montréal alors qu’elles ne constituent que 0,6 % de la population totale de la ville. Toutefois, depuis la pandémie, ces chiffres ont augmenté, assurent tous les acteurs qui travaillent dans ce domaine.

Soulignant le travail déjà effectué par ses prédécesseures et par leurs équipes, il indique vouloir en faire plus, conscient qu’il y a une possibilité d’aller encore plus loin avec les autres secteurs des différents paliers de la Ville de Montréal, avec qui il veut continuer de travailler et collaborer.

Son nouveau poste, il l’aborde comme un agent de liaison, une courroie de transmission qui facilite les relations en collaborant avec les organismes qui œuvrent auprès des populations autochtones afin qu’ils puissent accomplir leur mission.

Pour cela, il pourra s’appuyer sur les liens forts qu’il a établis avec ces organismes à Montréal, où il vit depuis plus de sept ans. Il est aussi président du conseil d’administration de l'organisme autochtone sans but lucratif Mikana.

Une autre partie de son rôle de commissaire, estime-t-il, est de sensibiliser. Cela fait une semaine que je suis à ce poste, mais je sens un désir de bien faire les choses, poursuit Randy Legault-Rankin. Être commissaire implique aussi d’autochtoniser les pratiques, renchérit-il. C’est de bien prendre en compte l’opinion publique et les pratiques autochtones. Pour le faire, il faut consulter les personnes autochtones.

Ancrer les institutions dans les réalités autochtones

Produit d’une mère autochtone et d’un père allochtone, comme se décrit lui-même ce souriant Anishinabeg, Randy Legault-Rankin a toujours eu comme vocation de produire des changements dans le milieu autochtone, à l’instar, mentionne-t-il, d’autres membres de sa famille, dont son arrière-grand-père, Tom Rankin, qui a été chef de sa communauté de 1945 à 1969, ou encore Véronique Rankin, directrice générale de l'organisme Wapikoni.

Même s’il lui a été difficile de quitter sa communauté pour aller faire un baccalauréat en communication et en relations publiques à l'Université d'Ottawa, il s’est lancé pour faire une différence. Il a ensuite été notamment responsable des communications du Wapikoni Mobile, puis conseiller aux communications chez Vidéotron, chez Saputo et à Services aux Autochtones Canada, et il s'est impliqué dans diverses initiatives citoyennes.

Chaque fois, explique-t-il sur la terrasse de l’hôtel de ville, près de la salle du Pin blanc, il a eu le désir d’ancrer les organismes et les institutions dans les communautés, de les aider à travailler leurs messages, leurs stratégies et leurs programmes afin qu’ils soient adaptés et respectueux des communautés. C’est le fun de pouvoir faire des changements à l’intérieur de ces institutions.

S’il a réfléchi avant de se lancer dans cette nouvelle aventure professionnelle, il la voit comme une belle évolution de ses tâches. Là, on se concentre à 100 % sur des solutions concrètes. La Ville s’est dotée d’une stratégie de réconciliation concrète avec ses axes. On veut aller là, le faire, affirme M. Legault-Rankin, qui dit avoir une vision très humaine.

D’ailleurs, par réconciliation, il entend des relations de gouvernement à gouvernement, de nation à nation. Je veux aussi que les Montréalais et les Montréalaises sachent que Montréal est, comme on dit à la blague, la plus grande communauté autochtone du Québec, que ce soit présent dans le paysage. Mais c'est aussi de venir en aide aux personnes qui en ont le plus besoin.

L’équipe du commissaire travaille déjà sur un bilan qui sortira dans quelques mois, afin de faire le point, avant même que la stratégie nationale de la Ville n'arrive à échéance, en 2025.

Dans un communiqué, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, indique que la profonde compréhension des réalités autochtones et l'expérience de Randy Legault-Rankin seront des atouts précieux pour continuer à avancer sur le chemin de la réconciliation.

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