L'EX-JUGE TURPEL-LAFOND NE POURSUIVRA PAS LA CBC POUR UN REPORTAGE SUR SES ORIGINES

L'avocat d'une ancienne juge dont les racines autochtones ont été remises en question dans le cadre d'une enquête du réseau anglais de Radio-Canada en 2022 a déclaré que sa cliente n'envisageait pas de poursuites judiciaires contre le radiodiffuseur après que le Barreau de la Colombie-Britannique ait indiqué cette semaine qu'elle aurait des origines cries.

Au lieu de cela, Mary Ellen Turpel-Lafond veut «continuer à vivre sa vie», a précisé vendredi l'avocat David Wotherspoon, un jour après la publication d'un nouveau rapport, dans lequel un généticien indépendant a découvert que cette dernière avait «très probablement» des ancêtres très récents avec un ADN autochtone important.

Le test ADN et l'analyse du généticien ont été fournis par Mme Turpel-Lafond.

«Elle n'est pas intéressée à regarder en arrière. Elle veut aller de l'avant», a déclaré Me Wotherspoon lors d'une entrevue téléphonique.

Il a déclaré que les accusations portées contre elle lui avaient causé énormément de tort.

Mme Turpel-Lafond, une avocate bien connue pour son travail sur les droits autochtones, a auparavant été directrice de la protection de la jeunesse en Colombie-Britannique et a été récipiendaire de l’Ordre du Canada.

Elle a également travaillé comme directrice du Centre d’histoire et de dialogue des pensionnats indiens de l’Université de la Colombie-Britannique, où elle a été professeure de droit titulaire jusqu’à la fin de 2022.

Son identité autochtone a été remise en question dans une enquête de CBC en 2022 qui a également révélé qu'elle avait déformé certains éléments de son curriculum vitae.

Après cette enquête, l'avocate a été retirée de l'Ordre du Canada à sa propre demande et a restitué des diplômes honorifiques de plusieurs universités. D'autres universités ont annulé leurs récompenses.

Le Barreau a mené une enquête de 18 mois qui a abouti à un énoncé conjoint des faits publié jeudi.

«Les résultats des tests ADN indiquent que des marqueurs génomiques connus pour être présents de manière disproportionnée dans les populations autochtones sont présents dans les résultats du séquençage ADN de l'avocat», a dévoilé le Barreau.

Outre les conclusions sur ses origines, le Barreau a confirmé que Mme Turpel-Lafond avait fait de fausses déclarations liées à son curriculum vitae, notamment le fait qu’elle avait été professeure titulaire à la faculté de droit de Dalhousie pendant 15 ans, alors qu'elle a occupé cette fonction pendant deux ans.

On lui a ordonné de verser 10 000 $ à une organisation sans but lucratif qui soutient la justice autochtone.

La CBC réagit

Un porte-parole de la CBC a indiqué que le rapport du Barreau est complémentaire à son reportage original, que le diffuseur soutient.

«CBC News a rapporté que certaines des affirmations de Turpel-Lafond concernant son origine crie, son statut autochtone visé par un traité, la communauté où elle a grandi et ses réalisations académiques ne correspondent pas aux documents accessibles au public», a déclaré Chuck Thompson, chef des affaires publiques, dans un communiqué envoyé par courriel.

«Rien dans le rapport (de jeudi) ne change ces conclusions. Nous sommes ouverts aux nouvelles informations, que CBC News examinera comme nous le ferions pour tout nouvel élément d'une histoire qui serait révélé.»

Selon l'avocat de Mme Turpel-Lafond, le fait que «son identité lui soit volée» sur la base d'informations incorrectes avait affecté sa cliente sur le plan professionnel et personnel.

«Ses parents et ses grands-parents lui ont dit que son père était Cri. Et elle a eu une excellente carrière largement axée sur le travail au nom des Premières Nations, et elle est une experte dans ce domaine du droit», a-t-il mentionné.

«Et puis être accusée à tort de ne pas être autochtone (...) cela lui a coûté très cher.»

Il a déclaré que sa cliente n'avait pas encore décidé de ses prochains plans.

«Je peux vous dire que je l'ai encouragée à reprendre la pratique, car je pense que la contribution qu'elle apporte à la communauté juridique est énorme et qu'on s'ennuie de son travail. Mais je ne sais pas si elle le fera.»

Lorsqu'on lui a demandé si cette dernière chercherait à être réintégrée dans l'Ordre du Canada, Me Wotherspoon a répondu qu'ils n'avaient pas discuté de la question.

«Ce serait certainement bien si les gens de l'Ordre du Canada reconnaissaient qu'elle mérite ce prix et le lui rendaient volontairement», a-t-il soutenu.

Paola Loriggio, La Presse Canadienne

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